Présider autrement

Équité et transparence : une nouvelle culture d’établissement

Constat

Depuis une quinzaine d’années, les réformes successives de l’enseignement supérieur conduisent à institutionnaliser un fonctionnement dont Paris 8 est le parangon. L’ « autonomie » ayant conféré aux présidents d’université des pouvoirs exorbitants, trop de décisions (primes, repyramidages, promotions…) relèvent désormais de la seule volonté présidentielle. L’exercice du pouvoir fondé sur l’échange de petites faveurs, l’octroi de privilèges à quelques-uns, ou à l’inverse l’emploi de vexations et d’empêchements pour d’autres, instaure un climat délétère et de mal-être, aux dépens de l’intérêt général.

Nos propositions

  • Restaurer la collégialité dans les conseils, qui ne doivent pas être des chambres d’enregistrement de décisions prises ailleurs et leur redonner tous leurs pouvoirs, avec des comptes-rendus réguliers
  • Informer et faire participer la communauté de manière régulière
  • Réduire drastiquement en nombre (diviser par trois) les charges de mission et vice-présidences nommées et mieux définir leurs objets et missions
  • Remettre ces fonctions sous le contrôle des conseils centraux et de la communauté à travers un rapport annuel présenté par le mandaté qui répondra aux éventuelles questions
  • Rendre public la composition et les rapports des groupes de travail.

Reconfigurer le rôle de la présidence

Constat

Contrairement à ce qui se pratique dans la plupart des universités françaises, la présidente de Paris 8 préside tous les conseils, ce qui empêche tout dialogue constructif au détriment du CAC. Par ailleurs, la présence régulière de l’actuel VP CA aux réunions du CAC montre de manière exemplaire l’emprise de la logique comptable sur les enjeux de formation et de recherche qui sont marginalisés

Nos propositions

  • Nous proposons expressément que le CAC élise son président en son sein. Cela constituerait un sérieux garde-fou aux dérives clientélistes puisque le CAC joue un rôle important, dans sa formation restreinte, dans le déroulement de carrière des collègues enseignants-chercheurs
  • Plusieurs de nos propositions nécessitent une modification par le CA des statuts de l’université. Ceux-ci, de toute façon, ne sont plus conformes à la réglementation en vigueur et auraient déjà dû être mis à jour (promesse non-tenue du mandat précédent). Cela pourrait être un grand moment de la vie démocratique de notre université puisqu’il s’agirait de réfléchir toutes et tous ensemble aux règles de vie commune : une sorte de nouveau contrat social.

Une présidence au service de la communauté dans son ensemble

Constat

Depuis plusieurs années, la non-réponse de la direction de l’université aux messages et sollicitations est devenue la norme. Combien de demandes restées lettre morte ? Dans le meilleur des cas, nous avons droit à la formule dilatoire devenue un classique : « on revient vers vous » sans aucun effet ensuite. Il en résulte un sentiment de mépris et d’abandon chez les collègues qui se sentent impuissants. Cette situation engendre une véritable souffrance au travail avec la démotivation qui s’ensuit.

Nos engagements

  • Donner systématiquement une réponse dans un délai raisonnable
  • Garder le contact avec les composantes. Notre équipe participera aux conseils des composantes au moins une fois par an, pour écouter les problèmes du quotidien et aider à trouver des solutions
  • Instaurer des permanences mensuelles ouvertes à toutes et tous, sans rendez-vous
  • Consulter l’ensemble de la communauté chaque fois qu’une décision engageant l’avenir de l’université est en jeu et rendre publics les résultats de ces consultations
  • Organiser et pérenniser deux réunions publiques par an : au printemps pour faire le bilan de l’année et préparer la rentrée, et à l’automne pour évoquer la question budgétaire. Sur ce point, l’incompréhension généralisée nécessite des réponses plus approfondies que « c’est la faute de la tutelle » !

Repenser notre culture administrative

Constat

Depuis plusieurs années, la bureaucratie galopante de notre université touche autant la formation et la recherche que les tâches strictement administratives. Les contraintes, trop nombreuses, affectent terriblement le sens que nous donnons à notre mission de service public. Il est nécessaire de redonner des perspectives à tous les personnels qui croulent sous des tâches parfois peu valorisantes frustrés par manque de temps pour réaliser correctement leur travail, avec le sentiment d’être submergé et jamais écouté. Selon les chiffres de l’enquête de l’ANACT, 50 % des collègues considèrent que les conditions de travail à Paris 8 jouent, de fait, un rôle négatif sur leur santé mentale, 58 % estiment avoir une charge de travail excessive. Il se disent « souvent » ou « toujours » débordés (63 %), être dans l’obligation de travailler dans l’urgence (75 %), sans pouvoir obtenir l’aide nécessaire pour dépasser cette situation (56 % – près de 40 % des répondants estiment que les problèmes rencontrés et signalés auprès de leur hiérarchie ne sont pas traités).

Le mal-être croissant au sein de notre institution a poussé ces dernières années un nombre croissant de nos collègues à la quitter afin de tenter leur chance ailleurs. Et ils sont nombreux encore ceux qui envisagent une mutation voire un changement radical de carrière.

Nos propositions

  • Ce qui n’est pas utile ou règlementairement obligatoire doit être supprimé. Point.
  • Clarifier le rôle de chacun : combien de malentendus et parfois d’errance pour s’assurer du bon interlocuteur et apprendre que la personne est partie ou arrêtée…
  • Sortir de l’ère du soupçon
  • Accorder une plus grande confiance aux agents de l’université
  • Les services centraux seront des appuis aux composantes et non des obstacles par des demandes qui viennent souvent alourdir le travail aux plus grands moments de tension
  • Valoriser le travail du personnel administratif qui est la première victime des demandes excessives des services centraux. Créer un référentiel pour les BIATSS afin de mieux reconnaître leur engagement dans les missions qu’ils effectuent en plus de celles de leur fiche de poste.

Une présidence apaisée et responsable

Constat

L’image de notre établissement est bien en-deçà de ce qu’elle devrait être. Les dysfonctionnements ont pris le pas sur les réussites ; les crises focalisent davantage l’attention que les succès. Rétablir la sérénité et le plaisir de travailler ensemble sera un travail de longue haleine, mais il est indispensable que tous les collègues retrouvent la confiance de l’institution dans leurs compétences et dans leur travail. L’université doit montrer au quotidien qu’elle compte sur chacun pour mener à bien ses missions.

Solutions

  • Restaurer un climat de confiance
  • Nommer un ou plusieurs médiateur(s), fonction disparue au cours des dernières années
  • Imposer un moratoire sur le recours aux cabinets de conseil
  • Défendre notre université. En tant qu’élus et donc représentants de notre communauté, il est de notre devoir de porter la voix singulière de notre université hors les murs. La présidence doit faire valoir auprès des tutelles, des partenaires et du grand public les réussites (nombreuses !) de nos enseignants, de nos chercheurs, de nos personnels administratifs et de nos étudiants
  • Assumer et partager notre diversité et notre richesse. Nous ne sommes pas la Sorbonne et n’aspirons pas à l’être, mais nous serons toujours Paris 8.