Une gestion efficace du budget
Lors d’une opération de communication du 3 décembre 2024, l’équipe présidentielle nous a expliqué que les mauvais résultats financiers de l’université n’étaient pas de son fait. Et de justifier le programme d’économie présenté (une dizaine de poste gelés) par la baisse des dotations de l’État. Mais au-delà de la contrainte commune imposée par le désengagement de l’État, il faut reconnaître que, sous la mandature actuelle, notre établissement a connu une gestion financière particulièrement inefficace ! Nous avons un vrai problème de gestion des personnels depuis plusieurs années, problème qui obère les finances de manière délétère. Le dernier rapport social unique (RSU) rédigé par l’université, qui fournit des données détaillées sur l’évolution des dépenses de personnel depuis 2019, permet d’en prendre toute la mesure. Au cours du dernier mandat l’équipe présidentielle a mené une politique de précarisation des personnels. Entre 2019 et 2022, on constate une augmentation significative du nombre et de la proportion des contractuels tant chez les BIATSS que chez les enseignants-chercheurs. Les conséquences de cette précarisation sont sans équivoques. D'une part, il y a eu une augmentation importante de l'absentéisme pour cause de maladie, notamment chez les BIATSS écrasés par les tâches administratives (1 journée perdue pour 9 travaillées). D'autre part, une forte augmentation du taux de rotation des personnels — 5 points pour les enseignants-chercheurs et 14 (!) points pour les BIATSS. Ainsi, loin d’aboutir à des économies, l’augmentation de la proportion des contractuels et la précarisation de l’emploi à Paris 8 a abouti, du fait de son impact déstabilisant sur les personnels, à une forte augmentation de la masse salariale (+11 % de 2018 à 2022), plus rapide que celle des effectifs (+4 %). Cette augmentation insoutenable des dépenses s'est maintenue en 2023 (+ de 5 %).
La dégradation des comptes est donc largement due à cette gestion purement comptable et inconsidérée. Aujourd'hui, Paris 8 fait partie des 5 universités dont la trajectoire budgétaire est insoutenable. Trouver une solution pérenne aux difficultés financières grandissantes de Paris 8 implique donc de changer de façon de faire. Il faut prendre sérieusement en compte l’épuisement des personnels de l’université et mettre en place une véritable politique d’amélioration du bien-être des personnels.
Nos 10 propositions pour le budget
- Faire un audit des finances de Paris 8 et des processus administratifs afin d’identifier les forces et faiblesses ;
- Diviser par trois le nombre de chargés de mission et de VP (au nombre actuel de 26 !) pour dégager d’importantes marges financières ;
- Renégocier au plus vite les marchés publics dont l’activité ne donne pas satisfaction (sécurité, transport, hébergement), pour réduire les coûts injustifiés voire absurdes ;
- Créer un pôle unique avec une seule vice-présidence pour les relations avec nos partenaires, notamment avec les entreprises, qui comprendrait les missions liées à l’alternance, la recherche de financements via la taxe d’apprentissage et la fondation de Paris 8 ;
- Mener une réflexion sur le développement d’enseignements et de diplômes en ligne. C’est une possibilité qui nous est offerte d’attirer des publics nouveaux et de trouver des ressources nouvelles ;
- Financer urgemment le rétablissement d’une médecine du travail permanente et d’un pôle santé (psy, handicap…) ;
- Cesser la politique de précarisation de nos personnels en arrêtant d’avoir recours aux gels de postes d’enseignants-chercheurs et en favorisant les recrutements de titulaires et les titularisations sur les postes de BIATSS ;
- Mettre en place un suivi des dépenses budgétaires avec des rapports tous les 6 mois pour chaque service/composante ;
- Revaloriser les heures de cours complémentaires des vacataires et des enseignants titulaires : passer de 43,50 euros de l'heure à 65,22 euros conformément à la réglementation ;
- Favoriser l’utilisation des ressources propres de l’université et limiter rigoureusement le recours aux cabinets privés qui aboutit à des situations absurdes et extrêmement coûteuses. Sommes-nous les seuls à trouver choquant qu’une université qui clame son identité sur la création s’en remette à un cabinet de conseil pour… trouver son nom-slogan ainsi que sa charte visuelle?