Conditions de travail : il est temps d’agir

Force est de constater que les politiques d’austérité menées ces dernières années imposent aux établissements de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) le maintien d’un équilibre financier tant illusoire que dommageable pour les conditions de travail de leurs personnels. Il s’agit de réaliser toujours plus de tâches en un temps record et à moyens constants, voire réduits, pour satisfaire sans succès une idéologie productiviste très éloignée de la réalité des besoins humains et matériels nécessaires à l’exercice des missions de service public portées par l’ESR. Le malaise induit chez les personnels par cette situation, associé à la forte concurrence du marché de l’emploi du secteur explique le turn-over grandissant dans l’ESR, et la dégradation du fonctionnement des établissements.

Mais pour des raisons difficiles à comprendre au vu de son histoire, notre université, autrefois lieu de résistance, est aujourd’hui à l’avant-poste de l’implémentation des injonctions du ministère, avec une détérioration inquiétante des conditions de travail qui provoque trop souvent des atteintes graves à la santé des personnels (cf. le triplement en trois ans dans arrêts de travail !). Selon le rapport de l’enquête réalisée dans notre établissement en 2024 par l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT), 28% des répondants déplorent que les conditions de travail actuelles présentent un risque pour leur santé physique (!), chiffre qui s’élève à 50% pour ce qui concerne leur santé mentale.

À l’évidence, l’instauration de politiques locales déterminées à fidéliser nos personnels et à prévenir les risques psycho-sociaux par de meilleures conditions de travail et des dispositifs inclusifs de protection de la santé physique et mentale des agents constitue la première des priorités de notre liste S’unir pour Paris 8.

Un plan d’action concret

Pour améliorer les conditions de travail des personnels et des étudiants, il faut articuler trois secteurs d’intervention :

  • la prévention/formation des personnels (notamment des nouveaux entrants et des personnels encadrants via des stages, des ateliers, des documents, des journées d’étude) et des référents ; 
  • l’accompagnement des victimes (personnes fragilisées par des agissements condamnables – agressions sexuelles, harcèlement, diffamation, etc.) dans leurs parcours
  • les mesures à la fois internes et externes qui, le cas échéant, visent à sanctionner les agents dont les agissements ont porté préjudice ou sont susceptibles de porter atteinte à l’ordre et au bon fonctionnement de l’université. Un travail collaboratif sera mis en place afin de faire fonctionner ensemble les différentes sections disciplinaires.

À chacun de ces niveaux, il s’agira aussi d’élaborer et mettre en œuvre des plans de prévention et de formation, des schémas directeurs et des protocoles de prises en charge révisables, via l’application de procédures identifiées et régulièrement amendées, pour une rationalisaiton des mesures à prendre.

Prévenir, écouter, assister

Il est indispensable de réorganiser, coordonner et animer des structures transversales. Cinq types d’instruments devront être plus particulièrement implémentés et/ou réformés :

  1. une médecine du travail qui doit être rétablie par le recrutement urgent d’un médecin
  2. les cellules d’écoute destinées aux victimes (en distinguant RPS et VSS)
  3. les réseaux de référents présents au sein de tous les services et composantes
  4. un groupe de travail santé/sécurité/ergonomie ayant pour mission d’assister et de conseiller une vice-présidence ad hoc
  5. une cellule de veille et de médiation destinée à repérer et prendre en charge les problèmes concrets.
  6. Par ailleurs, les outils et dispositifs réglementaires seront diffusés à la communauté.

Au-delà du respect des règles, l’engagement collectif pour de meilleures conditions de travail

Nous ferons respecter la réglementation et activerons les outils disponibles pour améliorer les conditions de travail par la médiation, les mesures de protection, l’accompagnement médical, les enquêtes administratives, et d’autres actions préventives. Enfin, nous consulterons régulièrement la communauté universitaire pour améliorer les conditions de travail, faciliter l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle (réouverture d’une crèche…), garantir le respect de tous, promouvoir l’égalité entre femmes et hommes, lutter contre les discriminations et promouvoir l’inclusion. Ces mesures permettront d’assurer un suivi constant de la qualité de vie au travail pour tous les membres du personnel.